DE LA FEMME BLESSÉE À LA FEMME CONSCIENTE

« Osons exalter une culture du désir, chevaucher la passion et le feu du sexe, continuer d’éclore le cœur au-delà des blessures et s’ouvrir à l’infini de l’esprit. » Paule Salomon


Cela fait longtemps que je souhaite voir et entendre Paule Salomon. Exaucée et comblée, j’ai même eu le plaisir d’une interview que vous trouverez en fin d’article. Si on me demandait pourquoi cette grande philosophe m’inspire, je répondrais que son parcours, ses recherches sur la Femme, sa quête tantrique et toutes ces approches sont des offrandes à la vie, par conséquent à notre vie. Et puis, il y a ses ouvrages dans lesquels elle explore le couple sans jamais l’enfermer.


De sa voix au timbre ténu, elle nous a confié durant sa conférence des mots si bien choisis, si clairs… Et sans perdre le fil, elle nous a fait apparaître la Femme, dans toute sa beauté et dans toute sa puissance.

Je la revois debout sur cette scène à nous demander presque « pardon » pour cette posture de « sachant », de chef  en haut de la pyramide, alors qu’elle préfèrerait se trouver en cercle avec nous dans un mode coopératif et communiquant, la femme étant faite de cela.


Elle commence sa conférence ainsi : « Hommes et femmes, nous sommes incarnés dans des corps différents. Nous sommes à la quête d’une luminosité de l’Être et ce qui nous rend heureux, c’est d’être en notre centre, mais nous courons dans notre périphérie, nostalgiques du divin en nous. La femme aujourd’hui porte la trace des femmes du passé et n’a pas encore revivifié sa force intérieure. »

Alors pourquoi courons-nous dans notre périphérie ?
Parce que cette périphérie fait partie de notre chemin, sorte de spirale, que nous avons toutes à parcourir en une vie pour arriver jusqu’à nous, jusqu’à notre centre. Le passé se rejoue en nous, nous devons le revisiter et travailler nos blessures familiales et collectives « pour en faire des perles ».

Il y eut un temps où la Femme était vénérée.
Considérées comme des déesses, les femmes avaient le statut d’initiatrices, de prêtresses, de guérisseuses. Les déesses étaient sexuées et l’acte sexuel avait une dimension sacrée. Cette dimension s’est appauvrie, elle est devenue vide de sens dans le défoulement des tensions et l’acte de reproduction. Cette énergie si puissante a fait peur à l’Homme. Dieu, les prêtres, Adam l’immortel : c’est l’émergence des hommes et l’amoindrissement des femmes. Les maris s’approprient leurs femmes et leurs enfants mâles, Eve apporte la mort, la femme la « petite mort ». La guerre des sexes commence.

Les femmes se révoltent.

Elles se positionnent en victimes : « C’est la faute de l’autre ». Elles se plaignent de leurs geôliers et les aiment malgré tout. En amour, la femme est une fois dessus, une fois dessous…

En sororité.
Dans chaque parcours de vie, cette femme révoltée fait place à une femme plus éclairée, plus habitée. Une femme qui se donne du temps, qui grandit en conscience, qui parle avec les autres femmes et qui découvre la sororité. Ce sont tous ces cercles de femmes qui voient le jour, des femmes qui prient ou méditent ensemble. Elles ne sont ni victimes, ni bourreaux, elles se remettent en cause, c’est un retournement de conscience fondamentale.

L’engagement.
Alors, les femmes ne se renient plus, elles ont besoin de nouveaux modèles et n’hésitent plus à rencontrer un partenaire qui corresponde mieux à leurs valeurs et à leur conception de la vie. Elles se donnent le choix : ou elles stoppent leur évolution ou elles grandissent !

La femme androgyne.
Après avoir traversé son masculin intérieur, elle équilibre en elle les deux principes. L’androgyne marie l’actif et le réceptif, la force intérieure créatrice à la réalisation extérieure. Elle prend conscience de son être authentique, elle met en mouvement son énergie, cette énergie qui fortifie le corps. Elle se regarde penser, elle atténue ses chocs émotionnels, elle respire en conscience et choisit la voie de la paix.

La femme solaire.
Elle se redresse dans l’axe, terre-cœur-ciel. La femme solaire vit pleinement l’éveil sexuel, elle fait l’amour par envie, non par devoir. « Elle est la détentrice d’un pouvoir, d’une énergie d’accomplissement et elle en dispose en faveur de ceux qu’elle aime, son fils, son amant, son mari, elle est l’Arche d’Alliance entre la terre et le ciel. »

La femme sage.
Cette alliance entre terre et ciel mène à la voie du milieu, sans dualité, la voie tantrique qui conduit à la femme sage ou sage femme. Son corps est un temple de sagesse, sa conscience descend dans toutes les cellules qui s’accordent les unes aux autres. Elle est fière et douce, centrée et non centrée, le front haut, elle retrouve sa vérité, c’est une femme vivante, terriblement vivante…

A ces mots, un frémissement, une onde délicieuse m’a parcourue. A travers le chemin de la femme que Paule Salomon nous a conté, c’est le chemin de vie que toute femme parcourt dans son évolution personnelle. Paule finit ainsi : « Cette femme vivante donne à la vie une érotisation de chaque instant, elle confirme sa confiance, en s’entourant de la solidarité d’autres femmes. » C’est bien ce que nous avons exploré et, pour certaines, trouvé en nous réunissant au  4ème Symposium International de Biarritz dont le thème était Femmes sacrées, Femmes d’avenir. Symposium organisé par l’oeuvre Ithuria pour l’Enfance Handicapée.

Vous l’avez compris, la femme finit par se reconstruire de ses blessures. Ni soumise, ni révoltée, elle est en paix avec elle-même et avec l’homme. Et, si l’homme veut voir en elle une partenaire, si, ensemble, ils consentent à emprunter cette voie de l’unité, de la transcendance, au-delà du masculin et du féminin, ils pourront ensemble créer dans la confiance un monde de paix, condition d’un avenir possible.



Myriam Morisseau

Publié par La Presse Galactique le 6 Jan, 2016 
Source Rezozen
Interview Paule Salomon

Commentaires

Articles les plus consultés